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Messe (basse) de minuit [ft. Léonard De La Croix]

Leopold Stern
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Messe (basse) de minuitNovembre 2018, soirée.

22h23, affichait l'horloge du téléphone de Leo.
Le jeune homme soupira et ferma à moitié ses yeux agressés par la lumière vive de l'écran. Il reposa sans ménagement son téléphone sur la table de chevet, et se retourna dans son lit, le regard fixé sur un point précis de la pièce. Même dans la quasi obscurité, il arrivait à discerner le plat du lit de son colocataire, là où il y aurait dû avoir une forme humaine.

« Franchement, il abuse », laissa échapper le châtain dans un soupir d'agacement. Ce n'était bien sûr pas la première fois en deux mois que son colocataire rentrait tard, bien sûr… Mais c'était effectivement la première fois qu'il tardait autant. Et c'était aussi la première fois que Leopold regrettait de ne pas avoir le numéro de son coloc, histoire de lui faire comprendre que c'était trop. Il en avait marre de stresser chaque soir de peur que son coloc se fasse choper à traîner dans l'établissement dans des buts plus qu'obscurs.

Alors qu'il fermait les yeux et soupirait de nouveau, espérant à chaque instant entendre le pas discret et rapide du blond, les pensées de Leopold se dirigèrent vers lui.

...Ce n'était pas qu'il APPRÉCIAIT Léonard. Il le SUPPORTAIT, nuance. Il était gamin, bavard, pas forcément intelligent, et beaucoup trop… comment dites-vous ? Naïf ? Honnête ? Idéaliste ? Peu importe. Pas assez ancré dans la dure réalité, en tout cas.
Mais c'était peut-être ce qui faisait qu'il arrivait à Leopold d'apprécier le babillage de son coloc, les quelques soirs où ils se croisaient. Léonard parlait, et il n'avait qu'à poser quelques questions pour donner le change. Il n'avait même pas forcément besoin d'écouter la réponse, cela faisait un joli bruit de fond, semblable à celui de la télé ou de la radio.
Mais quand il tendait l'oreille, il lui arrivait de sourire devant la naïveté et l'entrain du blond. En l'écoutant, il percevait pendant quelques instants ce que pouvait être la vie d'un adolescent normal, une vie avec des amis, des rires, des cours ennuyeux et même une tutorée cheloue. Parfois, il lui arrivait même de se demander ce qu'il se serait passé si on lui avait permis, pardon, s'il s'était permis d'être comme les autres. Sans obsession cheloue pour la poésie, sans objectifs mégalomanes, sans faux-semblants… Il n'avait jamais poussé sa réflexion très loin, revenant à la réalité : il était le fils de son père, il était le fils de Werner Stern. Il était normal qu'il ne soit pas comme les autres, il était normal qu'il soit différent, qu'il soit supérieur.

A vrai dire, il n'avait jamais trop parlé avec Léonard, le laissant animer la conversation. De quoi aurait-il pu parler, de toute façon ? Oui, bien sûr, de choses futiles. Cours, base-ball, filles… Quoique, le dernier sujet avait plus l'air de gêner le blond qu'autre chose. D'ailleurs, Leopold ne savait même pas si Léonard avait une petite copine ou pas.
Sûrement pas, se dit-il. Les filles de son âge préfèrent les garçons plus matures, plus hommes. Il était vrai que Léonard gardait sur lui les traces de l'enfance, malgré sa taille : des joues pleines et lisses, des yeux rieurs, un rire cristallin et si facile à  provoquer, un corps encore en croissance.

Ouvrant brusquement les yeux, Leopold se fit la remarque que le célibat de Léonard ne saurait durer. D'ici peu, peut-être même dans l'année, il allait commencer à intéresser les filles. Il ne sut pourquoi, cette pensée lui fit faire la moue. Pfff, j'espère qu'il ne va pas me bassiner les oreilles avec sa copine, fut le seul commentaire intérieur qu'il s'autorisa.

Il regarda à nouveau son téléphone : 22h39. « Putain », lâcha-t-il en se redressant. En y réfléchissant, ce n'était pas vraiment important pour lui si Léonard se faisait choper par un pion. En revanche, cela devenait gênant s'il se faisait choper par un Délégué. Si les Délégués commençaient à s'intéresser à Léonard, ils allaient forcément s'intéresser à lui, et c'était la dernière chose qu'il souhaitait. Il ne savait pas comment, mais il croyait, non, il savait capables les Délégués d'apprendre d'une manière ou d'une autre que son père n'était pas mort accidentellement, et qu'il n'avait absolument rien laissé derrière lui, à part des dettes. « Cela – ne – doit – pas – arriver », martela-t-il silencieusement. Il se mordit la lèvre, absolument pas sûr de ce qu'il allait faire, et sortit ses pieds de sous la couverture. Il trouva à tâtons ses lunettes et alluma sa lampe de chevet. Il enfila à la va-vite un jean, restant en t-shirt et pieds nus. Il éteignit la lumière, ouvrit le plus silencieusement possible la porte et se glissa au-dehors.

Il pensait savoir à peu près où trouver Léonard. Il savait très bien qu'il employait son temps libre à traîner avec son meilleur ami et à réaliser des gages avec lui, il lui en parlait assez souvent. Et si, la plupart du temps, il laissait un espèce de secret planer sur le lieu de leur rendez-vous, il avait pour une fois été plus précis : l'ancienne chapelle, dans les sous-sols. Leopold descendit les escaliers, traversa le rez-de-chaussée d'un pas rapide, ses talons nus claquant sur le sol. Il sortit du château par une issue de secours, connue pour sa facilité d'ouverture, et traversa la cour, jusqu'à l'escalier qui s'enfonçait sous le château. Il jeta un regard autour de lui tout en tentant de maîtriser le claquement de ses dents, et s'engagea dans l'escalier. Il n'était venu ici qu'une fois ou deux, et espérait silencieusement que quelque chose l'aiderait à trouver la chapelle.©️ 2981 12289 0




Dernière édition par Leopold Stern le Lun 26 Fév - 16:36, édité 1 fois
Léonard De La Croix
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Messe (basse) de minuit
La journée s'était passée sans fausses notes : les cours chiants, les profs lourds, les amis intéressants et les filles à fuir. Bref, tout allait pour le mieux, et surtout, les petites habitudes de Léonard n'étaient pas bousculées. Cependant, quelque chose démarquait cette journée. Ce soir, c'était le soir où il allait devoir foutre le dawa dans la vieille chapelle. Plus personne ne s'y aventurait, alors c'était l'endroit parfait pour laisser sa petite emprunte. Et surtout, s'il ne le faisait pas, ça allait encore être Andrew qui allait pouvoir profiter d'un service rendu sans poser de questions. Et ça, c'était mort. Léonard avait déjà donné de sa personne, plus jamais.

Alors, après avoir terminé ses cours, il se rendit rapidement dans le sous-sol de la Hampton Academy, le plus discrètement possible, tel un ninja en action. Il avait réussi à éviter ses camarades et amis, mais surtout à éluder les :"Tu vas où ?" ou alors "Je peux t'accompagner si tu veux !". Ca aurait été le pire, probablement. Devoir être "soutenu" par quelqu'un qui n'y connaissait rien. Il faisait mieux le travail seul. Et c'était toujours plus sûr que d'avoir un boulet qui ferait n'importe quoi à côté.

Pour une fois, son sac de cours avait l'air rempli, et pour cause : quelques bombes de peintures, confettis, et autres objets plus loufoques les uns que les autres prenaient de la place. Il regarda brièvement l'heure sur son IPhone X : 18h50. Il en avait pris, du temps, avait d'arriver face à la porte de la chapelle. Mais surtout, il devait faire vite. Si Leopold devait encore une fois le rappeler à l'ordre, Léonard allait encore avoir l'impression de le décevoir. Et bon sang, ce qu'il détestait ce sentiment ! Décevoir quelqu'un était la pire chose qu'il pouvait ressentir - après la joue de Solveig sur la sienne, bien entendu. Déjà qu'il avait un an de moins que lui, alors si en plus il agissait encore une fois comme un enfant, il allait le sentir passer.

Il observa les alentours, s'assurant qu'il ne risquait rien. Il n'y avait pas un chat, pas un bruit, pas de caméras de surveillance. Parfait.
Il déverrouilla la porte - ce qui ne fut franchement pas le plus difficile - et entra sans faire de bruit. Bien. Il alluma la lampe torche de son téléphone et vit avec stupeur le bordel que c'était. Les bancs étaient renversés, ça sentait le renfermé, ça grouillait de partout, l'autel ressemblait à une table de sacrifice. Heureusement, Léonard n'avait pas peur des insectes, et puis au cas où, il pouvait les écraser avec ses livres de cours. Il fallait bien qu'ils servent à quelque chose.

Il commença alors son petit manège, le sourire aux lèvres. Il accrocha son smartphone à sa ceinture, et prit une bombe de peinture. Mais se ravisa. Avec les vapeurs, il allait s'évanouir en un rien de temps. Il finirait par ça.
Il renversa alors les quelques bancs encore debout, créant par la même occasion un boucan à faire grincer des dents. Une fois qu'il fut assuré que tout fut bien au sol, il continua son ravage. Si on l'avait pris la main dans le sac quelques siècles plus tôt, on l'aurait mis au bûcher ou on l'aurait pendu.
Il donna quelques coups de pied dans les meubles, mais pas moyen de les casser. C'était qu'ils furent tenaces, ces meubles. Alors il insista et entendit un petit craquement. Bingo ! Il continua jusqu'à avoir une crampe et réussit finalement à fracasser un banc. Et le seul, manifestement. Il n'aura pas assez de force ou d'énergie pour faire le reste. Il prit alors dans son sac les confettis du Nouvel An et courut un peu partout dans la chapelle. On pouvait croire qu'à cet instant précis, il était soit fou, soit drogué, soit bourré. Manque de chance, c'était probablement le premier cas qui était vrai.

Il ne vit pas le temps passer. Il continua encore et encore à fracasser tout ce qu'il put, en faisant attention à ne pas laisser d'empruntes - il avait mis au préalable des gants - et s'acharna sur les divers éléments qui constituaient l'endroit. Il n'avait pas réussi à tout réduire en charpie, mais il avait fait du bon travail.
Il s'accorda une petite pause, s'affalant par terre et buvant dans sa bouteille d'eau. Il regarda l'heure sur son téléphone et fut surpris mais surtout soudainement stressé : 22h12. Presque quatre heures passées ici, à se défouler sur tout ce qu'il trouvait.

"Bon, encore une heure grand max et je me tire. Je suis claqué, je vais avoir de ces courbatures..."

Il se releva, pas franchement épuisé, mais ses muscles demandaient du repos. Cependant, il allait en falloir un peu plus pour arrêter Léonard De La Croix. Surtout en plein acte de vandalisme. Peut-être même qu'il avait effrayé les araignées et autres bestioles dégueues...
Il retroussa ses manches, l'air décidé. Pas la peine d'inquiéter davantage Leopold, il en faisait déjà suffisamment pour lui. A vrai dire, il ne savait pas s'il l'embêtait ou si son colocataire appréciait sa compagnie, mais dans tous les cas, il avait l'impression de bien s'entendre avec lui. Au moins, il pouvait parler pendant des heures, il sera toujours intéressé parce qu'il dit. Enfin... Peut-être ? De toute façon, il se sentait bien avec Leopold. Il était déjà plus à l'aise avec lui qu'avec sa tutorée... Il ne préférait même pas y penser.

"Putain, ce banc qui veut pas bouger !", râla-t-il.

D'un coup, ses forces l'abandonnèrent, et le banc tomba sur le sol dans un bruit sourd et grinçant.

"Merde !"

Il regarda son pieds où le banc venait de retomber. Il le retira aussi vite qu'il put en soulevant le meuble et observa sa chaussure. Putain, ce que ça faisait mal...
Il s'assit alors, le temps que la douleur passe...
Leopold Stern
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Une fois arrivé en bas des escaliers, Leopold s'autorisa une petite pause. Il apprécia les rayons de lune, qui éclairaient sa peau, déjà claire, d'une lumière blanche immaculée, et le silence total de la nuit. Total ? Pas vraiment. La quiétude de l'instant fut soudainement brisé par un bruit sourd, qui résonna le long du couloir. Le jeune homme frémit, revenant à lui. Il prit deux longues inspirations, réajusta ses lunettes (bien que ce fut parfaitement inutile) et s'engagea dans le couloir plongé dans l'obscurité, bien décidé à retrouver son intrépide colocataire.

Il avançait lentement, se dirigeant grâce à son ouïe. Ses pieds heurtèrent plusieurs cailloux, et il marcha sur différents objets non identifiés, et qu'il ne souhaitait pas identifier d'ailleurs. Derrière lui, la tache de lumière demeurait son point de repère si jamais il souhaitait revenir sur ses pas. Soudain, il sentit un objet pointu, probablement un clou, s'enfoncer dans son pied. Il dut se mordre la langue pour se retenir de hurler, et il sautilla pendant quelques secondes, pendant qu'un goût métallique se répandait dans sa bouche, se mélangeant à sa salive.
Il s'appuya ensuite contre un mur pour vérifier avec ses doigts que l'entaille n'était pas trop profonde, et il pensa : Génial. Grâce à ce type, je vais attraper le tétanos, un rhume et possiblement une exclusion si on se fait choper. Quelle bonne idée que d'aller le chercher, sérieux ! J'aurais mieux fait de le balancer à un surveillant, il se serait fait virer directement.
Alors que ces pensées traversaient son esprit, il ne put s'empêcher de se dire qu'il n'aurait jamais fait ça ; non seulement, il n'aimait pas tellement la délation (soit les gens savaient être discrets, soit ils se faisaient prendre tout seuls, pas besoin de les dénoncer), mais en plus… Quoi, en plus ? Il n'y a rien en plus ! Ce type est insignifiant, il n'est rien ! Leopold secoua la tête comme il le faisait chaque fois qu'il était en contradiction avec lui-même, et reprit son chemin.

Il s'arrêta assez rapidement : son œil avait été attiré par un mince faisceau de lumière, un peu plus tôt dans le couloir. Le châtain revint quelques pas en arrière, et se posta face à la porte entrouverte. Il essaya de discerner de voir d'où venait la lumière, mais quelque chose l'en empêchait. Il entra alors, et buta encore sur un objet dur, qui lui fit perdre son équilibre. Il tituba pendant quelques instants, et contourna la colonne qui lui cachait la lumière. Il aperçut alors Léonard, son téléphone à la ceinture, assis sur un banc (ou, du moins, ce qu'il en restait). Avant de s'avancer plus, Leopold examina la scène autour d'eux : l'ancienne chapelle, totalement vandalisée. Les bancs étaient sens dessus dessous, des confettis tapissaient le sol de la salle. Bordel, ils étaient combien ? Ils ont organisé une fête clandestine ou quoi ? s'interrogea le châtain, avant de se rapprocher du blond.

Quand il fut plus près, il examina le visage figé de Léonard, se demandant s'il l'avait vu. Il était plus pâle que d'habitude, mais l'éclairage devait jouer beaucoup. Ses yeux étaient vides, et ses mains étaient inertes, posées sur ses cuisses. Il est défoncé, ou bien ?..

Leopold agita alors sa main devant les yeux verts, et chuchota : « Ça va ? C'est moi, Leo. » Alors qu'il attendait une réponse et se demandait s'il allait pouvoir emmener un Léonard drogué jusqu'à leur chambre, il se redressa subitement, les sens aux aguets : quelqu'un descendait l'escalier, il en était sûr ! « Merde – merde – merde », murmura-t-il. Sans ménagement, il prit le bras de Léonard, et l'entraîna à sa suite derrière une colonne, espérant que les pas n'allaient pas se diriger dans leur direction...

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Léonard retira sa chaussure et observa alors son pied... Comme il pouvait. La lumière de son téléphone n'était pas dirigée vers une éventuelle plaie, alors impossible de savoir si cela allait gonfler ou si c'était une douleur passagère. Il s'apprêta à prendre son Iphone quand il entendit un gros bruit à sa gauche. Son coeur fit un bond dans sa poitrine pendant qu'il se retournait vivement vers l'origine de ce bruit, et vit une vague silhouette tituber. Oh merde. Léonard retint sa respiration, trop nerveux pour faire le moindre mouvement. Il attendait que la personne face un geste. Si c'était quelqu'un qu'il connaissait, alors il s'autoriserait à bouger. Si c'était un délégué ou un membre de l'autorité, il mettrait sa capuche et prendrait la poudre d’escampette.

La personne approcha, mais Léonard était encore incapable de distinguer le visage de l'inconnu. Tout ce qu'il sut de cette personne était sa taille et sa carrure. Manifestement, c'était un mec assez bien foutu.
Il déglutit. Si le visage de Léonard était limpide pour l'intrus, alors ce serait foutu pour lui. Si c'était quelqu'un qu'il ne connaissait pas - et c'était un cas beaucoup plus probable - alors il serait renvoyé, voire pire : sa vie serait anéantie. Bonjour le commissariat, bonjour la prison. Avec un peu de chance, ce serait Andrew... Quoique impossible. L'un et l'autre ne devait pas aller sur le lieu du défi. Jamais.
Alors c'était sûr : il était mort. Sa respiration s'accéléra, ses mains se mirent à trembler sous la peur. Cependant, il continua de fixer la silhouette qui continuait de s'approcher.

Quand la personne agita sa main devant son visage, il écarquilla les yeux et arrêta de respirer. Bordel, mais qui c'était ?

« Ça va ? C'est moi, Leo. »

Léonard lâcha un gros soupir de soulagement, relâchant tous ses muscles jusqu'alors contractés sous la nervosité. La voix chaude de son colocataire le rassura et Léonard s'autorisa même un sourire de reconnaissance.
Alors qu'il allait lui répondre, non content de savoir que c'était son colocataire, Leopold se redressa d'un coup. Léonard haussa un sourcil. Il n'avait rien entendu, rien vu... Et pourtant...

« Merde – merde – merde »

Léonard n'avait pas eu le temps de penser que Leopold avait déjà agrippé son bras pour le relever, laissant la chaussure seule, au milieu de ce bazar. Puis il l'attira vers une colonne, et Léonard se dépêcha d'éteindre sa lumière, son front collé au torse de son colocataire.
Ils étaient seuls, dans le noir le plus total, entourés d'insectes et avec quelqu'un qui approchait. En réalité, il ne savait pas si Leopold rêvait ou si il entendait vraiment quelqu'un, parce que tout ce que Léonard entendait était les battements de son coeur, aussi rapides qu'après une course de vingt minutes.

Léonard se mordilla la lèvre inférieure. Des milliers de questions lui traversaient l'esprit : "Que faisait Leopold ici ? Est-ce qu'il y avait vraiment quelqu'un qui approchait ? Andrew avait-il envoyé son colocataire ? Pourquoi il avait si chaud, tout à coup ? Leopold s'inquiétait-il tellement pour Léonard qu'il était parti à sa recherche ? Est-ce que ça lui faisait plaisir ?"
Il releva la tête vers Leopold, sentant par la même occasion son souffle. Il était hors de question qu'il se décolle, s'il y avait vraiment quelqu'un qui entrait à l'instant où il se reculait, il serait grillé. Mais vraiment, cette position était vraiment gênante. Léonard ne savait pas trop quoi penser, il ne savait même pas s'il pouvait parler.

"Leo... Tu fais quoi ici ?" s'autorisa-t-il à chuchoter.

Il n'avait pas le temps d'entendre sa réponse, les pas inaudibles du début remplissaient enfin ses oreilles, ce qui le coupa totalement dans son élan de discussion. Léonard arrêta soudainement de respirer et ferma les yeux. Bon, c'était une situation face à laquelle... Il n'avait jamais été confronté. Il y avait encore sa chaussure près des bancs, il était collé à Leopold, et quelqu'un approchait à vitesse grand V. Cependant, ce n'était pas la première fois qu'il était face à une situation délicate, et il avait plusieurs atouts dans sa manche. Peut-être qu'en étant deux, ils pourraient s'en sortir ?
Il tenta de regarder Leopold - sans réel succès, dans un tel environnement - et lui dit tout bas :

"J'ai peut-être une idée... Mais il va me falloir ta coopération."

En réalité, ils n'avaient pas vraiment le temps d'expliquer mais qu'importe. Avec un peu de chance, il comprendrait le plan de Léonard.
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Il suffoquait. Le souffle court, les pieds gelés, les mains tremblantes, Leopold ne se sentait pas bien du tout. La proximité entre Léonard et lui l'incommodait terriblement, et pendant qu'il se maudissait intérieurement, une goutte de sueur glacée glissa le long de sa colonne vertébrale, le faisant frissonner de plus belle.
Alors qu'il tentait de faire abstraction du souffle chaud de son camarade contre lui, il l'entendit lui demander, tout doucement : "Leo... Tu fais quoi ici ?"

Le châtain sentit soudainement ses mains se contracter, comme s'il s'apprêtait à cogner. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il lui arrivait : il n'avait jamais été bagarreur, laissant aux autres garçons le soin de battre. Il avait toujours préféré la fourberie, les coups en douce : s'il voulait faire mal, il utilisait sa langue acérée, et pas ses poings. C'était beaucoup moins dangereux pour lui et ça faisait autant, voire plus mal à ses adversaires. Pourtant, à ce moment-là, il ressentait un grondement sourd monter en lui, une vague de violence, inarrêtable, destructrice, qui n'allait pas tarder à le submerger. Il eut alors envie de crier au blond qu'il était venu pour lui casser la gueule, à un tel point que sa propre mère ne le reconnaîtrait pas. Il voulait aussi lui hurler qu'il n'était qu'un abruti, un petit merdeux qui n'était pas capable de se gérer tout seul, et qu'il ferait mieux de grandir un peu.
Heureusement -ou malheureusement, c'est selon-, les pas se firent de nouveau entendre alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour déverser tout son fiel sur le pauvre Léonard. Il rentra le ventre et retint son souffle par réflexe, comme si il allait pouvoir réduire son corps jusqu'à disparaître.

Contre lui, il sentit Léonard se contracter, alors que le ou les intrus s'approchait encore plus. Un faisceau lumineux balaya alors la pièce, une fois, deux fois. Heureusement, la colonne les préservait dans l'ombre, mais si jamais le propriétaire de lampe se déplaçait… C'en était fini d'eux. Pendant que l'inconnu tentait de se déplacer sans trop bousculer le mobilier, Léonard chuchota au châtain : "J'ai peut-être une idée... Mais il va me falloir ta coopération."

Si Leopold n'avait pas eu les mâchoires serrées par le froid et la peur, il lui aurait sûrement rétorqué peu aimablement que, vu où les idées du blond le menaient habituellement, il n'était pas sûr d'avoir envie de les suivre. Mais alors qu'il ruminait cette répartie acide, goûtant mieux que jamais la saveur du sang dans sa bouche, il dut faire un rapide constat : ils étaient coincés ensemble ici jusqu'à ce que l'intrus les découvre ou s'en aille. Ils étaient faits comme des rats, et à part attendre, il ne voyait pas quoi faire. Et attendre un temps indéterminé avec le corps chaud d'un quasi-inconnu contre lui n'était pas une solution envisageable.

Il laissa un silence s'installer, surveillant d'une oreille les mouvements de l'inconnu, et ne daigna baisser les yeux qu'après trente ou quarante secondes de réflexion. Il s'éloigna de Léo de quelques centimètres et mima avec avec ses lèvres plus qu'il n'articula : « Okay. C'est quoi le plan ? »
Tandis qu'il tentait de desserrer ses poings et d'oublier la rage sourde qui montait en lui, il s'autorisa un regard dans le fond de la pièce, repérant les endroits plongés dans l'ombre dans lesquels ils pourraient s'évanouir en courant si jamais cela s'avérait nécessaire.
Cependant, il se rappela la difficulté avec laquelle il avait traîné Léonard quelques instants auparavant. Le garçon boitait, et il lui demanda rapidement, la voix étouffée : « Tu peux courir ? Au cas où ça tourne mal ? »
Une petite voix lui rétorqua alors qu'il pourrait très bien laisser Léonard se débrouiller seul, tandis qu'il sprinterait vers la sortie. Il la fit taire, mais garda tout de même le conseil dans un coin de son esprit.
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Léonard n'était pas doué pour remarquer ce que les autres pouvaient bien ressentir, surtout dans une obscurité pareille. Il ne sentait pas la tension qui montait en Leopold, et encore moins sa colère sous-jacente. Tout ce qu'il percevait, c'était le petit recul de son colocataire, ce qu'il pouvait comprendre. Lui aussi était inconfortable dans cette situation. Mais il ne serait pas collé à lui s'il était arrivé comme un fantôme. Pourquoi était-il venu ? Enfin, ce n'était pas comme si Léonard n'allait pas rentrer, ce n'était pas comme s'il était à ce point irresponsable. Ce n'était pas comme si Leopold devait se sentir obliger de venir le chercher.

Enfin, il n'allait pas se prendre la tête pour ça. Et surtout pas à ce moment-là où il devait les sortir de ce traquenard. Après tout, s'ils étaient tous les deux ici, c'était de sa faute. Il était là pour foutre le bordel, peut-être que Leopold voulait l'en empêcher ? Pas logique, pas à cette heure-ci.
Léonard s'humidifia les lèvres et expira sans bruit.
Il regarda Leo qui se mit à faire bouger la mâchoire. Bon, manifestement, il mimait plutôt la parole, mais... Avec ce noir, impossible de vraiment voir ce qu'il pouvait dire. Et en toute honnêteté : Léonard était nul pour lire sur les lèvres. Donc il supposa. Soit, il lui répondit pour sa première question, soit il lui demandait pour le plan. Dans tous les cas, il allait faire semblant d'avoir compris.

« Tu peux courir ? Au cas où ça tourne mal ? »

C'était donc ce qu'il disait ? Il avait compris que Léonard n'avait pas pigé le moindre mot qu'il mimait plus tôt ? Il ne savait pas s'il se sentait embarrassé ou rassuré, mais avec l'inconnu qui approchait, il ne débattit pas plus longtemps. Par ailleurs, il lui répondit sans se faire prier davantage.

"Sans problèmes.", souffla-t-il.

Il observa son smartphone et eut une idée. Il ne pouvait décemment pas laisser Leo prendre pour lui alors qu'il était sans doute venu avec de bonnes intentions. Il était hors de question qu'il se fasse punir pour une chose qu'il n'avait absolument pas faite.
Il se mordilla cependant la lèvre inférieure. Son plan était cependant très risqué pour le blondinet. La douleur à son pied commençait à disparaître, mais elle lancinait toujours. S'il courait, il devrait faire abstraction de cette douleur. Et pourtant...

Pas de temps à perdre, l'intrus approchait. Il dit à Leopold dans un soupir, aussi rapide de furtif :

"Prends ma chaussure quand je sors et attends trente secondes avant de partir. Et quand tu pars, fais vite."

Léonard mit sa capuche et ferma les yeux. Ce sera sa fuite la plus risquée, mais tant pis. Quand il affirmait plus tôt que la présence des autres le mettait toujours dans une situation inconfortable... C'était une nouvelle fois vérifié.
Il mit le volume de son smartphone à fond et choisit une musique au hasard. Le son résonna dans toute la chapelle avec une force qu'il soupçonnait. Il profita de ce moment de surprise pour se mettre à courir et à sauter par dessus les obstacles. Le faisceau de lumière se dirigea vers lui, mais heureusement, l'inconnu n'avait pas du voir Leo.
Léonard prit son sac à une main et le ferma comme il put en passant devant l'homme, qui tenta de l'attraper. Le blondinet tourna sur lui-même pour le faire lâcher prise, mais cela aggrava la douleur de son pied déchaussé. L'homme n'avait pas vu son visage, et la musique était trop forte pour qu'il puisse entendre quoique ce soit. Puis, quand il sortit en trombe de la chapelle, il baissa le volume au minimum. Le silence retomba. Il ne fallait pas alerter d'autres personnes. Et de toute façon, vu comment Léonard était sorti, l'homme allait forcément le poursuivre.

En courant dans le couloir, il s'autorisa un rapide coup d’œil derrière lui. Et effectivement, l'homme l'interpella en le pourchassant. Heureusement pour le fauteur de trouble, il semblait assez vieux et allait vite abandonner cette course poursuite. Le malus ? Cette douleur qui semblait empirer à chacun de ses pas. Il dût se mordre la lèvre inférieure et serrer les poings pour essayer d'oublier ce mal.

En montant les escaliers deux à deux, il tapa un sms à Leopold :

Je retourne à la chambre dans dix minutes grand max. Si je suis pas arrivé, c'est que j'ai pas réussi à le semer ou pire : je me suis fait prendre. Toi, va...


Il envoya sans faire exprès le message en trébuchant et retomba sur le ventre. Il étouffa un cri de douleur et se releva vivement en vérifiant derrière lui si son rôle d'appât fonctionnait toujours. Il sourit, essoufflé, en voyant que son plan fonctionnait à la perfection.
Il continua de gravir les marches et espéra finir sa course en sprintant. Seulement il vit un endroit parfait pour se cacher, mais se ravisa, se disant que ce n'était pas une bonne idée. Si l'homme perdait de vue Léonard, alors il retournerait à la chapelle. Il devait continuer d'être dans sa ligne de mire avant de pouvoir se dérober.

"Leo, t'as intérêt à te barrer vite fait..." Espéra Léonard, haletant.

Bon sang, il aurait vraiment dû s'inscrire à un club de course. S'il avait eu son cheval, là il serait parti à la vitesse de la lumière. Mais avec juste ses jambes, qui par ailleurs commençaient à s'enflammer, il sentait qu'il allait vite finir par s'arrêter.
Leopold Stern
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Misanthrope moderne
Leopold SternMisanthrope moderne
Messe (basse) de minuitNovembre 2018, soirée.
Leopold avait attendu quelques instants, le temps d'entendre les pas de l'intrus disparaître dans le couloir pour sortir de sa cachette, qui ne servait plus à grand-chose désormais. En effet, maintenant que les deux seules sources de lumière étaient parties avec leurs propriétaires respectifs, Leopold s'était retrouvé seul, dans une chapelle sombre et silencieuse, investi d'une mission précise : retrouver la deuxième chaussure de Léonard.

« Il est bien mignon Einstein avec sa godasse, mais j'y vois rien ! » pesta Leopold, alors qu'il venait de heurter son genou pour la cinquième ou sixième fois dans un banc qu'il ne pouvait même pas voir. Cela faisait déjà quatre ou cinq minutes qu'il se déplaçait à tâtons dans la pièce, lissant du plat de la main tout ce qui l'entourait, espérant trouver ainsi l'objet recherché. 
De toute façon, si je la trouve pas dans la minute, je me barre. Tant pis, je lui passerai une de mes paires, pensa le châtain, excédé. Il venait justement de se redresser subitement : il avait effleuré quelque chose de non identifiable, qui avait couru sur sa main avant de sauter ailleurs. Il essaya de réprimer ses frissons de dégoût, et de faire disparaître les images d'insectes grouillants qui s'imposaient à son esprit. Si sa grande phobie restait les guêpes, les insectes en général n'étaient pas sa tasse de thé.

Alors qu'il s'apprêtait à renoncer, il s'approcha d'un dernier banc, pour se décharger de toute culpabilité : il l'aurait vraiment cherchée, cette chaussure ! Ô miracle, il y trouva l'objet tant recherché. Il la prit entre ses mains comme d'autres auraient tenu la Bible, et il sortit de la chapelle. Il traversa lentement le couloir, l'oreille aux aguets. Si jamais le poursuivant de Léonard revenait, il ne pourrait guère se cacher : le couloir était bien trop étroit. Il gravit ensuite les marches silencieusement, et jeta quelques regards à la ronde avant d'émerger complètement du sol, ses cheveux reflétant la lumière lunaire. La cour était déserte, comme lors de son premier passage. Il soupira bruyamment, laissant sa tête retomber sur son torse. Il ne s'était pas fait prendre (pas encore, tout du moins), Léonard était loin, trèès loin de lui, et il allait pouvoir rentrer se coucher, et faire comme si de rien n'était. Oh oui, se coucher… Et ainsi, oublier la bête tapie en lui, la colère qui lui retournait l'estomac depuis plusieurs minutes et qu'il n'arrivait pas à comprendre.

Il traversa rapidement la cour, et refit en sens inverse son précédent trajet. Pendant qu'il montait les escaliers, il essayait de se repérer : depuis combien de temps était-il parti ? Rationnellement, il pouvait dire quarante, cinquante minutes, grand maximum. Pourtant, il se sentait épuisé comme s'il ne s'était pas posé depuis une demi-journée.

Une fois arrivé dans la chambre, il ne fut pas étonné de trouver la lumière éteinte. Après tout, Léonard était sûrement ailleurs dans l'établissement, peut-être encore coursé, peut-être en train de rendre des comptes à l'administration.
Non, il n'était pas étonné, mais était-il déçu ? Il n'aurait su le dire. Il balança la chaussure près du lit de Léo, et tomba la tête la première sur son propre matelas. La fraîcheur des draps l'apaisa, et il sentit sa colère se dissiper petit à petit.

Machinalement, il saisit son téléphone pour vérifier l'heure. Il avait trois nouveaux messages. Un de sa mère, qu'il lirait plus tard, ou jamais, peu importe. Un d'un de ses camarades de classe, qu'il jeta mécaniquement sans même daigner y jeter un œil. Enfin, le dernier venait d'un numéro inconnu. Alors qu'il s'apprêtait à le supprimer, le jeune homme fut saisi par la curiosité.

23:06
Numéro inconnu
Je retourne à la chambre dans dix minutes grand max. Si je suis pas arrivé, c'est que j'ai pas réussi à le semer ou pire : je me suis fait prendre. Toi, va

La suite était absente. Il devina aisément l'expéditeur, et alors qu'il comparait l'heure actuelle (23 : 19) à celle du message, il ne put s'empêcher de se demander où il avait bien pu récupérer son numéro. Il enregistra le contact sous le doux nom de « De La Croix L. » et ferma les yeux. Il fallait qu'il attende Léonard et ses explications, mais le sommeil l'appelait si tendrement...
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La date/heure actuelle est Ven 19 Avr - 11:28
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