Une vengeance regrettable...
" Je fais toujours en sorte de ne pas avoir de regrets, le Boche. "
Leopold hocha du chef, exagérément admiratif, et murmura, plus sincèrement : « B-belle philophosie de vie, j'imagi-gine. »
Alors qu'il pensait que la conversation allait en rester là, ce qui aurait été largement suffisant, il entendit Léonard poursuivre.
" J'aurais juste voulu ne pas quitter la France comme ça, sans que mes parents prennent la peine de me concerter avant. Mais de toute façon, je les aurais quand même suivi au Royaume-Uni, donc bon. "
Cette fois-ci non plus, il ne put s'empêcher de hocher du chef, moins ironiquement. Il n'avait jamais vécu en France, mais il aimait tant ce pays… Y vivre était un des rares rêves qu'il s'accordait, et encore... En suivant une carrière sensiblement ressemblante à celle de son père, il devrait sûrement choisir entre le Royaume-Uni et les États-Unis, à la limite l'Allemagne… Mais pas la France. Tant pis. Les rêves étaient faits pour rester inachevés, après tout, et faire le sacrifice de ses espoirs contre une promesse de réussite sociale et financière ne le dérangeait pas plus que ça.
« J-j-j'imagine que je peux comprendre... Enfin, je ne ssssais pa-pas v-v-vraiment en fait, corrigea-t-il après, je n-n'ai ja-jamais vécu ça. »
Léonard se leva subitement, et Leopold dut incliner sa tête au maximum pour conserver un contact visuel avec son interlocuteur. Malheureusement, la rapidité du mouvement et l'effort qu'il lui lui demanda fit revenir de plus belle les taches blanches et noires en plein milieu de sa vision, et il inclina rapidement le cou, espérant retrouver une vision normale. Il souffla, comme si cela pouvait suffire à évacuer l'alcool qui coulait dans ses veines et troublait ses sens. D'ailleurs, Léonard se rassit juste après. Leopold leva un sourcil interrogateur, perplexe. Pourquoi le blond s'était-il donné la peine de se relever pour se rasseoir juste après ? Il avait la bougeotte, visiblement.
" Et tu sais pas, ça se peut je suis bien plus supportable ivre. "
Leopold siffla entre ses dents, amusé. Lui, plus supportable ivre ? Déjà qu'il n'arrivait pas à le cerner maintenant, ni même le reste de l'année, alors alcoolisé, ça devait être un sacré truc.
" Mais... Tu n'as personne à qui te confier ? "
Le châtain entendit la phrase, et se la répéta mentalement avant de réagir. Puis, lorsqu'il fut certain d'en avoir saisi le sens, son sourire disparu, son regard se voila. De quoi il se mêlait, le gamin ? Et ça changeait quoi, de toute façon ? « On est seul aussi chez les hommes », disait l'autre. Et Leopold ne s'attendait pas à ce que ça change.
Il ne dit rien, puis se redressa le plus prudemment qu'il pu. Il chancela quelque peu, mais réussit à conserver un équilibre certain. Il déroula la couverture qui l'entourait, et la tendit à Léonard, le visage fermé. Leopold Stern était de retour. Chancelant et épuisé, mais tout de même là, fidèle à lui-même. Qu'est-ce-qui lui avait pris, à s'ouvrir à ce gosse, à se permettre de rire avec lui ? Ils n'avaient rien en commun. Et même si c'était dur, même si la route était longue, il avancerait. Il ne s’apitoierait pas sur son sort. Et Léonard ne marcherait pas à ses côtés, comme n'importe qui d'autre. Les lionnes chassent en meute pour le lion ; mais la panthère est seule. Leopold n'était pas un lion, il était une panthère. Et Léonard n'était qu'un… chaton qui essayait de le chiquer, de le distraire, alors qu'il pouvait le faire dégager d'un coup de patte.
Leopold répondit enfin, la voix atone : « Non. Et ça ne risque pas de changer, puisque ça n'a jamais posé problème auparavant. Et je ne suis pas une adolescente écervelée, moi : la dernière chose dont j'ai besoin, c'est d'un meilleur ami gay. »
Il se retourna vers son lit et, sans prendre la peine de retirer son haut de sport, il se glissa sous les draps, le dos tourné à Léonard.
Il garda le silence, et ferma les yeux, comme s'il dormait. En réalité, il ne savait pas pourquoi il avait eu besoin d'être si méchant envers Léonard. Il avait eu envie de lui prouver quelque chose. De lui prouver qu'il n'avait besoin de rien ni de personne. Pour lui prouver qu'ils ne jouaient pas dans la même cour, tous les deux. Pourtant, malgré la colère qu'il ressentait désormais, il avait quelque chose de chaud au niveau du cœur. Rire avec Léonard avait illuminé quelque chose en lui, et il ne savait pas comment l'éteindre avant que ça ne le consume.
Leopold hocha du chef, exagérément admiratif, et murmura, plus sincèrement : « B-belle philophosie de vie, j'imagi-gine. »
Alors qu'il pensait que la conversation allait en rester là, ce qui aurait été largement suffisant, il entendit Léonard poursuivre.
" J'aurais juste voulu ne pas quitter la France comme ça, sans que mes parents prennent la peine de me concerter avant. Mais de toute façon, je les aurais quand même suivi au Royaume-Uni, donc bon. "
Cette fois-ci non plus, il ne put s'empêcher de hocher du chef, moins ironiquement. Il n'avait jamais vécu en France, mais il aimait tant ce pays… Y vivre était un des rares rêves qu'il s'accordait, et encore... En suivant une carrière sensiblement ressemblante à celle de son père, il devrait sûrement choisir entre le Royaume-Uni et les États-Unis, à la limite l'Allemagne… Mais pas la France. Tant pis. Les rêves étaient faits pour rester inachevés, après tout, et faire le sacrifice de ses espoirs contre une promesse de réussite sociale et financière ne le dérangeait pas plus que ça.
« J-j-j'imagine que je peux comprendre... Enfin, je ne ssssais pa-pas v-v-vraiment en fait, corrigea-t-il après, je n-n'ai ja-jamais vécu ça. »
Léonard se leva subitement, et Leopold dut incliner sa tête au maximum pour conserver un contact visuel avec son interlocuteur. Malheureusement, la rapidité du mouvement et l'effort qu'il lui lui demanda fit revenir de plus belle les taches blanches et noires en plein milieu de sa vision, et il inclina rapidement le cou, espérant retrouver une vision normale. Il souffla, comme si cela pouvait suffire à évacuer l'alcool qui coulait dans ses veines et troublait ses sens. D'ailleurs, Léonard se rassit juste après. Leopold leva un sourcil interrogateur, perplexe. Pourquoi le blond s'était-il donné la peine de se relever pour se rasseoir juste après ? Il avait la bougeotte, visiblement.
" Et tu sais pas, ça se peut je suis bien plus supportable ivre. "
Leopold siffla entre ses dents, amusé. Lui, plus supportable ivre ? Déjà qu'il n'arrivait pas à le cerner maintenant, ni même le reste de l'année, alors alcoolisé, ça devait être un sacré truc.
" Mais... Tu n'as personne à qui te confier ? "
Le châtain entendit la phrase, et se la répéta mentalement avant de réagir. Puis, lorsqu'il fut certain d'en avoir saisi le sens, son sourire disparu, son regard se voila. De quoi il se mêlait, le gamin ? Et ça changeait quoi, de toute façon ? « On est seul aussi chez les hommes », disait l'autre. Et Leopold ne s'attendait pas à ce que ça change.
Il ne dit rien, puis se redressa le plus prudemment qu'il pu. Il chancela quelque peu, mais réussit à conserver un équilibre certain. Il déroula la couverture qui l'entourait, et la tendit à Léonard, le visage fermé. Leopold Stern était de retour. Chancelant et épuisé, mais tout de même là, fidèle à lui-même. Qu'est-ce-qui lui avait pris, à s'ouvrir à ce gosse, à se permettre de rire avec lui ? Ils n'avaient rien en commun. Et même si c'était dur, même si la route était longue, il avancerait. Il ne s’apitoierait pas sur son sort. Et Léonard ne marcherait pas à ses côtés, comme n'importe qui d'autre. Les lionnes chassent en meute pour le lion ; mais la panthère est seule. Leopold n'était pas un lion, il était une panthère. Et Léonard n'était qu'un… chaton qui essayait de le chiquer, de le distraire, alors qu'il pouvait le faire dégager d'un coup de patte.
Leopold répondit enfin, la voix atone : « Non. Et ça ne risque pas de changer, puisque ça n'a jamais posé problème auparavant. Et je ne suis pas une adolescente écervelée, moi : la dernière chose dont j'ai besoin, c'est d'un meilleur ami gay. »
Il se retourna vers son lit et, sans prendre la peine de retirer son haut de sport, il se glissa sous les draps, le dos tourné à Léonard.
Il garda le silence, et ferma les yeux, comme s'il dormait. En réalité, il ne savait pas pourquoi il avait eu besoin d'être si méchant envers Léonard. Il avait eu envie de lui prouver quelque chose. De lui prouver qu'il n'avait besoin de rien ni de personne. Pour lui prouver qu'ils ne jouaient pas dans la même cour, tous les deux. Pourtant, malgré la colère qu'il ressentait désormais, il avait quelque chose de chaud au niveau du cœur. Rire avec Léonard avait illuminé quelque chose en lui, et il ne savait pas comment l'éteindre avant que ça ne le consume.
ft. Léonard De La Croix