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Et tout est dépeuplé [Karl]

Anonymous
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Et tout est dépeuplé...
Parle en #cc6699
© Ely

Peut-être qu'elle n'aurait pas dû le laisser dans sa chambre, peut-être qu'elle aurait dû le mettre dans son sac, mais elle n'avait pas eu envie qu'on se moque d'elle encore une fois, comme la semaine dernière. Certains élèves de sa classe étaient méchants, ou en tout cas assez méprisants, et elle n'appréciait que rarement d'être le sujet de moqueries de ses camarades, même si elle n'était pas près de changer de comportement pour autant.
Toujours est-il que quand elle était revenu dans sa chambre à midi pour récupérer quelque chose d'oublié, la porte n'était plus fermée. Alors oui, peut-être que sa colocataire était venue récupérer un truc, mais c'était l'oreiller d'Elyonne qui avait été déplacée, sa couette relevée et surtout, son doudou qui avait disparu.
Ibebee avait été enlevé.

Elle avait refusé d'y croire. D'abord, Elyonne s'était persuadée qu'elle l'avait fait tomber dans la nuit et qu'elle n'avait pas fait son lit en se levant. Elle oubliait souvent, après tout, donc c'était probable. Alors elle avait retourné toute la chambre, sûrement en faisant un boucan du diable à mesure que sa panique grandissait. Rien sous son lit, rien dans la boîte en carton posée à côté où elle rangeait ses livres de cours, rien sur sa table de nuit, rien par terre, rien dans l'armoire, rien, rien, rien...
Elle avait commencé à lancer des choses, à se taper la tête avec ses paumes, à fouiller dans des endroits improbables, jusqu'à chercher dans les affaires de Jessica - qu'elle avait rangées tant bien que mal.

A la fin, elle avait dû arrêter de chercher, parce que la panique qui serrait son cœur s'était attaquée à ses mains, qu’elle tremblait à l'idée de l'avoir perdu pour de bon, qu'elle s'était mise à pleurer au point que les larmes brouillaient totalement sa vue. Elle ne pourrait rien trouver dans cet état. Alors elle restait là, à genoux sur le sol de sa chambre, à pleurer toutes les larmes de son corps en marmonnant "non non nononononon". De plus en plus fort, de plus en plus paniquée, mais aussi de plus en plus teintée par une colère sous-jacente.

S'il n'était nulle part, c'est que quelqu'un lui avait volé. Quelqu'un avait osé s'introduire dans sa chambre pour lui prendre l'une des choses les plus précieuse à ses yeux. Le désespoir de cette réalisation la frappa en plein cœur, et elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même, avant de finalement se décider à sortir. Elle courrait à travers toute l'école s'il le fallait et elle trouverait celui qui avait fait ça. Puis elle récupérerait son doudou et laisserait le karma se venger pour elle. Des gens aussi cruels et méchants ne pouvaient pas s'en sortir sans que le monde leur envoie un retour de bâton.
Elle n'alla pas bien loin. A peine eut-elle ouvert la porte et commencé à courir qu'elle percuta un adulte (venu enquêter sur les bruits dans sa chambre ou simplement là par hasard ?), et la maigrelette miniature qu'elle était se retrouva d'un coup assise sur le sol du couloir. Toujours en larmes, toujours secouée de sanglots incontrôlables.


28 Septembre 2018



Anonymous
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Et tout est dépeuplé...
Putain.

Ce jour-ci, comme la plupart des autres jours d'ailleurs, Karl était de mauvais poil. En plus d'être fondamentalement susceptible et d'avoir la détestable manie de remarquer tout ce qui n'allait pas dans sa vie pour le transformer en rancœur, le jeune anglais avait aujourd'hui vécu ce qu'on pouvait appeler "une belle matinée de merde".

Levé en retard à cause de son téléphone déchargé, le jeune homme avait ensuite dû faire l'impasse sur son petit-déjeuner et sa toilette de chat du matin pour rattraper son retard, qu'il avait de nouveau perdu en tentant vainement de nouer sa cravate trois fois. Trois putains de fois avant de la jeter, de rage, sur le sol de son appartement et de sortir, les cheveux ébouriffés et la trace de l'oreiller sur la joue.
Une fois arrivé à la vie scolaire, il s'était salement fait enguirlander pour son retard, avant d'apprendre qu'un problème informatique faisait qu'il allait être obligé de passer dans chaque salle de l'établissement pour réclamer et récupérer les billets d'absence. Chaque. Salle. Bordel. De. Merde.

Il avait alors passé la matinée à courir dans tous les sens, salle de cours, vie scolaire, gymnase, vie scolaire, cours à la bibliothèque, vie scolaire, retour au premier étage pour l'oubli d'un papier et vie scolaire... Au bout de trois heures, le jeune homme était littéralement sur les rotules. Venant à sa rescousse comme Jésus aurait guéri un lépreux, une de ses collègues avait pris le relai, le laissant entrer les absences sur l'ordinateur pendant la dernière heure de la matinée.

Lorsque la sonnerie annonçant l'heure du repas avait retenti, le jeune homme avait bondi sur ses pieds, retrouvant soudainement toute son énergie. Après avoir échangé une vanne avec un surveillant qu'il appréciait, le jeune homme avait commencé à gravir les escaliers montant au premier étage, puis au second. En montant les escaliers quatre à quatre -ses grandes jambes aidaient beaucoup-, le jeune chantonnait à voix basse une chanson qu'il appréciait, et avait presque réussi à oublier son début de journée catastrophique. Oui, presque, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce qu'il aperçoive dans les escaliers un simple panneau l'informant que l'escalier était mouillé et donc impraticable.
Il allait devoir traverser dans sa longueur l'étage des chambres avant de retrouver l'autre escalier.
Il allait perdre, pfff, au moins... 2 minutes !
Ce fut pourtant suffisant pour remettre en marche sa machine à mauvaise humeur.
Ce garçon était définitivement beaucoup trop sensible, dans le sens énervé du terme.

Alors qu'il marchait d'un pas décidé à travers le couloir, son estomac affamé le poussant à presser l'allure, Karl se sentit percuté par un petit corps, propulsé à toute vitesse contre lui. Légèrement déséquilibré, il laissa échappa une exclamation de surprise avant de retrouver son centre de gravité. Face à lui (ou plutôt, face à ses jambes), une jeune fille, très frêle, pleurait à gros bouillons. Karl écarquilla les yeux, surpris, et resta figé quelques instants avant de se ressaisir. Il se baissa, faisant craquer ses genoux, tendit sa main, la retira, la tendit de nouveau. Il ne savait pas quoi faire. Il lui avait fait assez mal visiblement, et la jeune fille ne semblait pas le voir à travers son rideau de larmes.

Malgré son grand appétit et son mécontentement habituel, le jeune homme fut surpris, si ce n'est touché par la vision de la jeune fille. Il approcha un peu plus sa main, la posa sur l'épaule de l'élève, le plus doucement possible (il avait peur qu'elle ne se brise en mille éclats), et s'entendit lui demander, presque en chuchotant : "Ça va ? Je... Vraiment je suis désolé, je t'ai pas vue arriver... Tu t'es fait mal ?"
Comme pour ponctuer sa maladroite tentative de délicatesse, son estomac choisit ce moment pour gargouiller.

Putain.
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© Ely

Le monde était flou. Brouillé de tous les côtés, envahie des larmes que le choc n'avait fait qu'amplifier. Un profond sentiment d'injustice lui serrait les entrailles, renforçant le désespoir qui faisait tourner ses pensées depuis un moment déjà. Elle avait bousculé quelqu'un et, même si c'était elle qui se retrouvait à terre, elle s'en voulait de ne pas avoir regardé autour d'elle. Mais en même temps, l'aurait-elle seulement vu ? Seules des formes floues et indistinctes parvenaient à sa rétine.

Elle sursauta quand une main se posa sur son épaule, mais ce fut le déclic qu'il lui manquait pour que sa partie rationnelle commence à réagir. Elle se frotta les yeux avec sa manche pois sa paume pour essayer de voir autre chose qu'un océan de lumière abstraite, et cligna plusieurs fois des yeux avant que sa vue parvienne à lui retourner une image nette. Son cerveau mit cependant un peu plus de temps à enregistrer les phrases qu'il venait de prononcer, les organiser, puis leur donner un sens.

- Mal ? Euh... je... non, je crois pas...

À vrai dire, elle n'en savait rien, la seule information que son corps lui transmettait pour l'instant était que ses poumons lui faisaient mal à force d'être secoués par ses sanglots. Cette simple réalisation suffit à faire revenir la raison de ses pleurs sur le devant de la scène, et les larmes reprirent de plus belle.

- Je.... désolée de... vous avoir... cé dedans...

Elyonne s'exprimait de façon plus ou moins intelligible entre deux hoquets, mais elle trouva la force de s'appuyer contre le mur pour se relever, même si son cœur lui hurlait de rester par terre, recroquevillée, pour pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à l'épuisement. Sauf qu'elle ne pouvait pas s'effondrer. Elle devait être forte.

- Je dois... retrouver... dit-elle pour elle-même.

Ses mains tremblaient tandis qu'elle essayait d'endiguer le flot de larmes avec ses pouces et ses poignets, sans grand succès. Elle n'était pas assez lucide pour réaliser qu'elle se trouvait face à un surveillant de l'établissement, quelqu'un qui était donc en théorie payé pour l'aider, pas forcément à retrouver sa peluche mais au moins à ne plus avoir de problèmes. Ou peut-être était-elle trop consciente, au fond d'elle, que son ruban noir et la cravate dorée de son principal suspect ne faisaient pas pencher la balance en sa faveur.


28 Septembre 2018



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Et tout est dépeuplé...
La petite créature qui lui faisait face mit un certain temps à lui répondre, tentant vainement de reprendre son souffle à plusieurs reprises. Et quand elle réussit enfin, ce fut pour baver quelques mots inintelligibles, avant que ses sanglots ne repartent de plus belle.

Le jeune homme, désemparé, impuissant, se tut et se contenta de se relever en même temps que la jeune fille, vérifiant qu'elle ne risquait pas de tomber. Elle lui paraissait si fragile, si légère…
Et soudain, il se souvint. Il l'avait vu lors de la cérémonie d'entrée, frêle silhouette perdue dans une marée de corps. Le petit oiseau… Avait-il du mal à trouver son nid ?

Mais bon. Petit oiseau ou pas, le gaillard avait la dalle. Alors qu'il s'apprêtait à se tirer assez salement, laissant la jeune fille épancher son malheur dans le couloir ou ailleurs, elle réussit à articuler quelques mots.

- Je dois... retrouver...

Hmmmm, ton amour propre ? Ton petit copain ? Ton calme ? Le respect ? Beaucoup de choses se perdent de nos jours, pensa assez cruellement le surveillant.
Mettons-nous d'accord : Karl n'était pas méchant. Pas foncièrement, en tout cas. Simplement, il avait un regard très critique sur tout ce qui l'entourait, et un esprit rendu acide par plusieurs années à la Hampton, alors si on lui tendait des perches… Mais actuellement, il était assez fier de lui. Il avait réussi à garder ça pour lui et à ne pas ouvrir sa grande gueule, comme on le lui reprochait assez souvent.

Bon, elle a vraiment l'air en galère. Ça s'fait pas de la planter comme ça. Il soupira, et baissa de nouveau les yeux sur la fillette, tremblotante. C'est vrai ça, quel âge pouvait-elle avoir ? Sa voix et son physique étaient assez juvéniles, mais sa poitrine naissante démontrait qu'elle avait déjà entamé sa puberté… Et subitement, son regard fut attiré par le ruban noir de la jeune fille. Une Modeste. Clairement, il ne pouvait pas se barrer ; cela signifierait piétiner avec des bottes encrottées ses idéaux sociaux et des années de haine profonde envers "ces connards d'Élites". Il ne se le pardonnerait pas.

« Bon, c'est bon, arrête de chialer un peu. Reprends ton souffle, et calme-toi. »

Il attendit quelques instants puis reprit, de la même voix rauque qui plaisait aux filles et qui le faisait passer au téléphone pour un routier de quarante ans : « Écoute. Je vais t'aider à retrouver ce que tu cherches, mais à condition que un, tu me dises ce que c'est, et deux, que tu te mouches. Sérieusement, ça craint. Genre, vraiment. »
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Parle en #cc6699
© Ely

Contre toute attente, l'homme qu'elle avait percuté sembla un minimum réceptif à sa situation. Un petit minimum, ou en tout cas un minimum pas aimable, mais c'était mieux que rien. Cela fut suffisant pour qu'Elyonne relève la tête et parvienne à bloquer ses sanglots dans sa gorge, comme si pour la première fois de sa vie elle avait accepté d'obéir à un ordre direct. "Reprend ton souffle et calme-toi". Alors qu'elle essayait, donc, de reprendre un contrôle relatif sur sa respiration, elle sentit son cœur manquer un battement tant l'espoir était grand dans les simples paroles qu'il venait de prononcer. Quelqu'un allait l'aider ? Vraiment ?
Elyonne prit un moment pour chercher ses mots, agencer ses pensées pour former quelque chose d'intelligible et qui ne lui donne pas envie de la planter sur place ou de se moquer d'elle ; et mit à profit cet instant de réflexion pour essayer de donner une tête plus présentable à son visage.

- Quelqu'un... est entré dans ma chambre.

Ça, c'était la partie simple : on était entré dans sa chambre et on lui avait volé quelque chose, quelque chose d'assez précieux pour qu'elle fonde en larmes et s'effondre dans un couloir. Et c'est là que l'explication devenait plus compliqué. A force d'être le sujet de moqueries, Elyonne avait fini par prendre douloureusement conscience que son attachement à cette peluche la ridiculisait aux yeux des autres, au point qu'elle commençait à hésiter à en parler. Être la risée du petit groupe de mecs dans son cours de socio passait encore, elle avait fini par trouver quelqu'un pour leur tenir tête en cours en la personne d'Hayley, mais elle vivait de moins en moins bien la lueur condescendante dans le regard des gens lorsqu'elle mentionnait Ibebee.
Cela dit elle ne pouvait pas vraiment lui demander de l'aider à chercher sans être un peu plus explicite.

- On m'a volé ma peluche. Je... J'y tiens beaucoup et...

"Et je n'arrive pas à dormir sans elle". Et l'idée qu'ils aient pu la dépiauter pour rire ou pour lui faire du mal lui était insupportable. Elle avait ce doudou depuis sa naissance, on ne pouvait pas le lui arracher, ou l'abîmer. Rien que s'imaginer avancer dans la vie sans lui lui faisait mal au coeur.

- Je veux juste... la retrouver et... qu'ils arrêtent...

Ses paroles étaient encore entrecoupées d'une respiration saccadée, mais elle parvenait à s'exprimer de façon claire et intelligible, c'était un progrès notable. Elle avait un idée assez claire des responsable. Peut-être que, s'il ne se moquait pas d'elle, il pourrait les punir pour ça...


28 Septembre 2018



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La gamine sembla réceptive à ses injonctions, et repris lentement son souffle. Karl se détendit, et ce fut qu'à ce moment-là qu'il se rendit compte qu'il s'était crispé. Par compassion ou par agacement, il ne savait pas vraiment, mais son corps s'était exprimé.

Elle se frotta le visage pour en chasser les larmes, puis lui dit, d'une toute petite voix, que quelqu'un était entré dans sa chambre. Jusque-là, rien de bien inhabituel. Hampton Academy avait beau être un établissement de prestige, le fait que l'étage des chambres soit accessible à n'importe quel moment de la journée rendait la sûreté des logements… relative.
Mais bon, j'imagine que le règlement compte sur la « bonne éducation » des élèves…, pensa Karl, moqueur.

La jeune fille mit quelques instants à continuer son propos, mais il ne fallait pas avoir fait dix ans d'études pour deviner que quelque chose avait été cassé ou dérobé. Personne ne pleurait comme elle l'avait fait juste parce qu'on avait trouvé la porte de sa chambre entrouverte. Ou alors, on était vachement émotif. Vachement trop émotif.

- On m'a volé ma peluche. Je... J'y tiens beaucoup et...

Karl sentit un petit rire, à peine moqueur, assez surpris, remonter dans sa gorge. Il réussit néanmoins à le contenir, mais ne put masquer son bref sourire. Une peluche ? A Hampton ? Pire idée du monde, mais pourquoi pas ?
N'empêche, c'était peut-être plus ridicule, mais c'était nettement plus sain que ce qu'il avait pu cacher dans sa chambre à l'époque. Il reprit rapidement une mine grave, et balança doucement sa tête de droite à gauche, l'air réprobateur.
Aussi enfantin cela pouvait sembler être, il ne pouvait pas tolérer qu'on s'en prenne à une personne, surtout avec autant de lâcheté. En plus, cette perte avait vraiment eu l'air d'ébranler la petite, qui parlait maintenant avec une voix hachée par l'émotion. Qu'ils arrêtent ? En quelques mots, Karl avait appris deux informations. De un, elle semblait savoir qui était dans le coup. De deux, ce n'était visiblement pas la première fois qu'ils lui jouaient un tour aussi pendable.

Malgré lui, il sentit sa mâchoire se contracter et ses poings se resserrer. Il allait leur faire la peau, à ces connards.

« Tu dis ils... C'est qui ? Tu as des idées ? Quelqu'un qui pourrait faire ça, qui savait où tu la rangeais ? » Il voulut lui sourire, mais ses dents étaient trop serrées pour cela.

Il planta ses yeux dans ceux de la gamine, pour qu'elle comprenne qu'il était de son côté. Il n'allait pas laisser ça impuni. Même s'il devait se passer de repas pour ça, il allait retrouver cette satanée peluche.
Et pourtant, Dieu seul savait à quel point il avait faim.
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© Ely

Si elle avait craint un rire, une moquerie ou même une totale indifférence avant qu'il ne s'éloigne en jugeant son problème tout sauf grave, aucune de ces trois réactions ne suivit sa déclaration. Estimait-il valable de pleurer pour la disparation d'une peluche ? Il serait bien la première personne dans ce cas-là, en tout cas depuis qu'elle avait passé la terrible barre des treize ans où cela tenait plus de l'exception que de la norme. Grandir avait de nombreux défauts, mais le pire était là : elle ne pouvait plus être elle-même sans qu'on lui répète, en permanence, à quel point ce qui était normal était devenu bizarre simplement parce qu'on avait changé un chiffre dans la case "âge". Elyonne ne perçut même pas son sourire ; elle était tellement rassurée qu'il ne prenne pas ça comme le signal pour arrêter de l'aider qu'elle ne réalisa même pas que l'idée de rire avait effleuré l'esprit de celui qui se profilait de plus en plus comme son sauveur.

Et soudainement, il lui sembla moins serein. Pas moins amical, en tout cas pas envers elle, mais sa dernière supplique – le mot était un peu fort mais elle ne pouvait en trouver un autre – semblait avoir provoqué une réaction à laquelle elle ne s'attendait pas. Elle n'avait jamais vu personne s'énerver pour elle en dehors de sa mère. On l'avait bien défendue plusieurs fois contre cette petite bande, mais toujours de façon détendue, plus moqueuse envers les garçons que véritablement énervée.

- Il y a... trois garçons...

À vrai dire, elle ne connaissait pas leur nom, en dehors du petit chef de bande. James Hamilton et la cravate dorée qui, à ses yeux, lui donnait tous les droits. Et pouvait-elle vraiment lui donner tort ? Elle ne l'avait jamais vu avoir d'ennui.

- James... Hamilton et ses amis... ils se moquent toujours de moi...

Et davantage maintenant qu'ils avaient découvert sa peluche dans son sac, le jour où elle l'avait emmenée en cours sans réfléchir. Mais finalement, peut-être que l'emmener en cours lui aurait épargné de la perdre aujourd'hui. N'était-ce pas mieux de se la faire agiter temporairement sous le nez pendant un cours, plutôt que de la voir disparaître totalement et de craindre qu'ils ne l'abîment ? Au moins, en classe, elle pouvait la garder sous les yeux.

- Je sais pas si c'est eux, mais...

Elle ne voyait personne d'autre capable de faire une chose pareille. Personne qui lui en voulait assez pour lui voler quelque chose, et personne qui aurait une idée aussi spécifique. Viser Ibebee, c'était autre chose que de juste prendre un truc au hasard dans ses affaires. C'était planifié. Et ils étaient les premiers au courant de l'existence de son doudou.


28 Septembre 2018



Anonymous
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 Il y a... trois garçons…, commença-t-elle.

D'un geste du menton, le jeune homme l'invita à poursuivre, intrigué. Elle les évoquait de manière si évidente… ils lui avaient déjà fait des tours pendables, et il allait leur faire payer. Cher. Très cher. C'était… terrible de s'en prendre à une gosse isolée. C'était tellement lâche… Ça le révoltait.
Une petite voix dans sa tête lui dit de se rappeler ce qui lui était arrivé la dernière fois qu'il avait voulu rendre justice par lui-même à Hampton : il s'était fait convoquer, engueuler, virer, humilier. Il balaya ces pensées : aujourd'hui, la situation n'était plus même : il était l'autorité. Il avait le pouvoir de les punir pour leurs actes, et d'envoyer en même temps un message à tous les gens comme eux : il les avait tous dans son viseur, et il n'allait pas les rater, peu importe s'il devait passer l'année à les traquer et à attendre le bon moment pour agir.

- James... Hamilton et ses amis... ils se moquent toujours de moi...

Karl cligna des yeux, plusieurs fois, perplexe. Hamilton, Hamilton... Il se demandait pourquoi ce nom résonnait en lui. Il garda le silence durant quelques instants, et alors qu'elle rectifiait timidement son tir, il frappa sa main dans son poing et s'écria :

« James Hamilton ! Hamilton ! Comme Sean ! Mais oui ! J'étais dans sa classe ! » Il sautillait maintenant d'un pied sur l'autre, ravi de s'en être souvenu. Puis, d'une voix rauque dont la honte et la retenue étaient parfaitement absentes, il ajouta : « C'était un sale con de riche ce mec ! »

Après un petit silence exalté, il réalisa ce qu'il venait de dire, et conscient de la mauvaise image qu'il donnait à la gosse, il rectifia : « Enfin, je veux dire… Il était un peu prétentieux, ce... charmant jeune homme. » Mais il souriait tout de même, ayant mis de côté sa colère pour sa satisfaction d'avoir mis un visage sur le nom.

Karl saisit alors la jeune fille par les épaules, et, de la voix de celui qui était investi d'une mission divine, il déclara : « Écoute ; comme c'est la seule piste que nous avons, on va commencer par aller leur demander, tout simplement. Au fait, ajouta-t-il, l'air contrarié de ne pas y avoir pensé avant : Je m'appelle Karl. Et toi ? »


HRP:
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Et tout est dépeuplé...
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© Ely

La réaction du surveillant au nom de son... euh... harceleur ? ennemi ? Les deux mots semblaient un peu forts, mais elle n'avait pas mieux. Bref, la réaction qu'il eut à l'entente de ce nom la fit sursauter. Il venait quand même de taper son poing dans sa main sans prévenir, et ce n'était pas le genre de choses auxquelles elle s'attendait. Elle le fixa avec des yeux ronds tandis qu'il se remémorait visiblement quelque chose qui remontait à bien, bien longtemps. Quelqu'un qu'il n'aimait pas, visiblement, à croire que c'était de famille chez les Hamilton d'être insupportable.
Elle retiendrait. Et elle éviterait avec soin toute personne portant ce nom de famille à l'avenir.

Elyonne sourit lorsqu'il se reprit, sans faire de commentaire. Oh, elle avait l'habitude d'entendre ce genre de commentaires. Que ce soit de ses camarades ou, bien avant eux, de son père, l'expression "sale con" faisait partie de son vocabulaire, et elle n'était même plus spécialement choquée de l'entendre dans la bouche d'un adulte. En tout cas, vu sa véhémence, elle était maintenant à 100% sûre qu'il allait l'aider. C'était inespéré. Une pointe d'inquiétude la touche tout de même à l'idée que cela n'entraîne davantage de problèmes, mais elle préférait être une "balance" avec Ibebee à ses côtés, qu'une fille qui s'écrase devant des gens qui pensaient contrôler sa vie.
Elle avait déjà donné.

- Ils vont mentir, fit-elle remarquer avec un léger froncement de sourcil.

C'était évident, aucun d'entre eux n'irait avouer quelque chose du genre... À moins de se sentir intouchables. Elle avait tendance à oublier le sentiment de supériorité de ce petit groupe, et des élites en général. Depuis qu'il avait été mouché par Hayley, James faisait de plus en plus savoir qu'il était "important". Ça pouvait marcher, en fin de compte.

- Je m'appelle Elyonne.

Elle réajusta un peu son nœud en répondant à sa question. Trouver le trio ne devrait pas être bien difficile, ils traînaient toujours dans la même salle commune. Elle l'indiqua donc à son "sauveur" en espérant qu'ils trouveraient vite. Chaque seconde sans a peluche était un risque de plus de ne pas la retrouver.


28 Septembre 2018





HRP:
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 -Ils vont mentir, objecta-t-elle après la réaction enflammée du jeune homme.

« Sûrement, le mensonge a l'air d'être dans les gènes de ces gens-là... », confirma Karl avec un haussement d'épaules désabusé. « Mais disons que si c'est eux qu'ils l'ont, ils n'auront pas pu la cacher bien loin, et je t'assure qu'on va trouver où. »

-Je m'appelle Elyonne, l'informa la petite élève.

Karl, surpris, détourna le regard et s'abstint de tout commentaire. Il n'allait quand même pas sortir à cette gamine que c'était assez logique qu'elle soit un bouc-émissaire si elle combinait les facteurs discriminants qu'étaient :  être Modeste, avoir un doudou à un âge où c'est assez rare et porter un prénom…. Particulier ? Étrange ? Rare ? Hors du commun, pour ne pas dire autre chose.

La jeune fille lui désigna ensuite timidement la salle commune, située non loin de là. Sans attendre de précision ou même sans regarder si elle le suivait, le surveillant s'avança d'un pas assuré vers la grande porte. Il l'ouvrit rapidement, et, sans prêter attention aux regards étonnés des élèves qui levèrent les yeux de leurs révisons ou de leur partie de cartes, il se mit à scruter la foule à la recherche d'un attroupement d'élites. Aussi méprisants étaient-ils envers les classes populaires, Karl s'amusait toujours de leur manie de se balader en groupe, de la même façon qu'un troupeau de moutons, comme s'ils craignaient sans cesse d'être attaqués individuellement. Frimeurs mais pas téméraires, philosophait toujours Karl.

Il resta quelques instants à chercher un indice, une seule chose qui pourrait l'aider à les reconnaître au milieu de la salle, relativement fréquentée à l'heure du repas… Bingo ! Un reflet doré attrapa son regard, et lorsque le surveillant releva les yeux vers le propriétaire de la cravate, il sut qu'il avait vu juste. James Hamilton était, à peu de choses près, le portrait craché de son frère : le même port altier, la même façon prétentieuse de plisser légèrement les yeux, comme s'il ne voulait pas voir les “minables cafards” qui l'entouraient, la même moue agacée sur les lèvres.

Karl s'approcha sans se dégonfler ; d'ailleurs, il avait plutôt l'air prêt à en découdre. Il s'arrêta à quelques pas des trois jeunes hommes, qui lui jetèrent de concert un regard noir lorsqu'il invectiva James.

« Hé, je cherche un certain Hamilton. C'est toi ? »

Les Dr Martens ancrées au sol, le corps légèrement penché en arrière, le menton relevé pour regarder ses interlocuteurs de haut et les mains dans les poches, Karl adoptait inconsciemment la même posture que lorsqu'il parlait à des types qu'il voulait impressionner, à qui il voulait prouver qu'il n'avait pas froid au yeux.
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Il était... rassurant.  Elle avait envie de le croire quand il disait qu'ils réussiraient à trouver Ibebee peu importe l'endroit où les voleurs l'avaient caché. À vrai dire, elle était prête à retourner toute l'école voire même à devenir violente pour le récupérer, maintenant que sa crise de larmes était passée. C'était un affront, presque un crime à ses yeux, et la détermination remplaça vite la tristesse dans son regard et dans son attitude. Après lui avoir désigné la salle commune, elle prit une grande inspiration et se redressa en serrant légèrement les poings. Oui, elle ne les laisserait pas gagner. Elle avait l'aide de quelqu'un qui pourrait leur faire ravaler leur comportement, et elle n'avait aucune envie de se laisser marcher sur les pieds plus longtemps.
Elle avait déjà donné.

Elyonne suivit son sauveur jusqu'à la salle commune, s'efforçant de rester droite et de ne pas avoir l'air trop inquiète. Elle espérait juste que ses yeux n'avaient pas été trop rougis par les larmes, même si c'était assez peu probable. Elle savait déjà qu'on la qualifierait de balance, qu'elle risquait de se prendre plusieurs remarques ou moqueries dans les prochains jours, à moins que Karl ne leur fasse peur, mais ça ne changerait pas grand chose ; c'était de toute façon ce qui l'aurait attendue aussi si elle n'avait rien dénoncé.

Elle marcha sur ses traces à travers la salle, tâchant d'ignorer les regards qui se posaient sur elle. Ça aurait été facile de rester devant la porte et de le laisser gérer tout pour elle, mais elle voulait assumer sa décision. C'était elle qui avait demandé de l'aide, et elle ne voulait pas l'avoir en restant cachée dans l'ombre.
Ça n'empêcha pas ses certitudes de vaciller un peu lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec James Hamilton. Le garçon tressaillit en entendant l'homme qui s'adressait à lui, mais son regard dériva assez dans la direction d'Elyonne pour qu'elle y lise tour à tour de la compréhension puis une menace silencieuse. Un "quoique tu aies dit, tu le regretteras" qu'elle encaissa sans broncher.

- C'est moi. Vous voulez quoi ?

Elyonne déglutit et se força à ne pas détourner le regard. Le petit groupe la dévisageait, sauf James qui faisait de son mieux pour soutenir le regard de Karl, probablement en essayant de ne pas perdre la face. Elle n'avait pas à dire grand chose. Tant qu'elle ne se cachait pas comme une gamine timide prise en faute, tout irait bien. Elle était prête à intervenir s'il niait, histoire de rappeler qu'il avait déjà tenté de lui voler sa peluche en cours, une fois. Même si exposer devant tout ce monde que si elle avait les yeux aussi rouges, c'était parce qu'elle avait perdu un doudou... elle s'en passerait si elle avait le choix.


28 Septembre 2018



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Et tout est dépeuplé...
Derrière lui, Karl entendit les pas discrets d'Elyonne, qui l'avait suivie. Il n'aurait su dire s'il était content ou non qu'elle soit là ; d'un côté, sa présence permettrait de confronter les deux témoignages, et autant il détestait du plus profond de son âme les Hamilton (et les Élites en général), autant il savait qu'il ne ferait pas d'esclandre devant la gamine. D'un autre côté… ils pourraient essayer de l'intimider pour la faire revenir sur ses accusions, exactement comme ils venaient de le faire en lui jetant un regard venimeux, digne d'un film de mafieux. D'ailleurs, seul James fit l'effort de détourner le regard de la jeune fille pour poser ses yeux froids et indéchiffrables sur Karl.

« C'est moi. Vous voulez quoi ? »

Oh, merde. Rien qu'en entendant sa voix snobinarde, il avait eu envie de l'étriper. Définitivement, il n'était pas fait pour ce poste. C'était à se demander pourquoi le Directeur s'était dit que c'était une bonne idée que de le nommer surveillant. Il aurait préféré avoir le rôle de bourreau, tiens… Les faire rôtir à petit feu, ou bien les écarteler entre quatre chevaux de trait…
Malgré les sombres idées qui lui traversèrent l'esprit, Karl réussit à contenir la bile qu'il avait envie de déverser sur le jeune homme, et il précisa simplement : « Cette jeune fille s'est vu dérober… un objet ayant une grande valeur affective, pendant la matinée. Elle a de bonnes raisons de penser que tu serais peut-être au courant de quelque chose. C'est le cas ? »

Le jeune homme ricana, secoua la tête et, avec un sourire défiant tous les records de condescendance, il lâcha simplement : « Je ne suis pas sûr de comprendre. Vous m'accusez, là ? »
Ses deux acolytes, comme si l'on venait d'appuyer sur un bouton spécial “rire fourbe de sbires ” se mirent à ricaner, de façon légèrement exagérée pour la situation.

Karl retira une main de ses poches, et, l'agitant de façon incertaine en l'air, les yeux levés vers le ciel, il déclara : « Non, loin de moi cette idée déplaisante… Pourquoi ? Tu te sens visé ? »

Puis, se tournant vers Elyonne, un air innocent -presque angélique- sur le visage, il lui demanda : « J'ai dit que c'était lui qui avait fait le coup ? Non, il faut me dire, parce que j'ai des petits problèmes à parler anglais, c'est bien connu. »

Il savait bien que la provocation n'était pas la solution, mais il ne pouvait pas résister à l'appel irrésistible de l'insolence. Il l'avait bien trop pratiqué pendant ses jeunes années pour l'abandonner du jour au lendemain.

Sentant que la discussion allait être longue, il tira deux chaises de la table juste derrière eux, et il en proposa une à Elyonne tout en s'asseyant sur la sienne, bras et jambes croisés.
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